#8 Un lapin kiné à un congrès sur l’épaule

Bonjour !

Deux épisodes pour le prix d’un cette semaine ! En effet, nous avons voulu vous résumer le Paris Shoulder Summit, congrès sur l’épaule organisé à Paris par l’Agence EBP mais il y a beaucoup trop à dire pour que ça tienne le temps d’un seul lapin !

Les chercheurs invités

Parmi les chercheurs évoqués dans ces deux épisodes, plusieurs sont référencés comme étant formateurs-résidents au sein de l’agence EBP. Vous trouverez ici, le profil de :

  • Jeremy Lewis
  • Mike Stewart
  • Tamar Pincus
  • Steve Nawoor
  • Angela Cadogan
  • Neil Landrigde
  • Chad Cook
  • Guillaume Deville
  • Jo Gibson

Pour les autres, cliquez sur leurs noms :

Les mots à définir pour les non-kinés

Dans l’épisode 1 :
  • Quelques rappels anatomiques simples
  • Syndrome de conflit sous-acromial : Le conflit sous-acromial est l’hypothèse que dans le mouvement du bras, notamment vers le haut et sur le côté, les tendons de la coiffe et la bourse qui les surplombe, seraient comprimés par la tête de l’humérus sous la voûte osseuse constituée par l’acromion et l’articulation acromioclaviculaire . Cette compression et les frottements induits pourraient générer et entretenir des lésions des tendons +/- déchirures et provoquer cette douleur ressentie lors des mouvements du bras. C’est une théorie aujourd’hui controversée. La douleur peut parfaitement s’améliorer sans aucun geste chirurgical pour libérer cet espace.
  • Effets contextuels : effet thérapeutique lié au contexte du soin et pas au soin lui-même. On peut citer l’apparence du thérapeute, du cabinet, son discours, la confiance du patient en son soignant…
  • Lorsqu’on parle de biais, on peut évoquer le biais à type de distorsion ou le biais cognitif qui en résumant beaucoup évoquent la compréhension par un patient d’une situation donnée qui serait influencée par des avis extérieurs et des croyances erronés ou inexacts.
  • Dans la présentation d’Angela Cadogan, plusieurs pathologies d’épaules ont été évoquées : la bursite qui est une douleur (+/- inflammation) sur le siège de la bourse graisseuse sous acromiale ou le long du tendon du long biceps. La tendinopathie dégénérative qui est un amincissement du tendon qui peut montrer des signes de micro-déchirures localisées ou plus étendues associée à une douleur, autrefois attribuée à un problème de conflit sous acromial et aujourd’hui plutôt associée à un signe physiologique lié à l’âge. Elle a aussi évoqué les tendinopathies calcifiantes, lorsque la tendinopathie s’associe à un phénomène de calcification, le plus souvent à la terminaison du tendon sur l’humérus et qui peuvent évoluer très favorablement sans chercher à enlever les fibres calcifiées.
  • La chaîne cinétique : représente l’ensemble des articulations mises en jeu lors d’un mouvement. Lorsque le corps entier est mis à contribution, les mouvements peuvent être beaucoup plus puissants sans pour autant perdre en précision.
Dans l’épisode 2 :
  • Luxation : lorsque l’épaule se déboîte et que la tête de l’humérus sort de son logement, nécessite parfois un geste médical pour la replacer
  • Glène /coiffe : La glène est la surface articulaire plane à l’extrémité de la scapula (omoplate) qui accueille la tête arrondie de l’humérus. Sont appelés muscles de la coiffe, les muscles dont les tendons viennent coiffer la tête de l’humérus, voir ici
  • La lésion bankart est une lésion du bourrelet le long de la glène, fréquente dans les luxations et entraînant une instabilité si non réparée.
  • Alliance thérapeutique : relation de confiance instaurée entre un patient et un professionnel de santé qui permet au patient d’adhérer aux propositions du thérapeute
  • Maladie de Dupuytren : Rétraction d’un ou plusieurs tendons dans le creux de la main, parfois en présence de nodules fibreux, limitant l’ouverture des doigts et peu améliorée par les traitements non chirurgicaux.
  • Thérapie miroir : thérapie qui utilise des miroirs pour créer avec le membre sain une illusion où à la place du membre douloureux, limité, se trouve un membre libre, indolore. Permet de calmer la douleur dans certaines situations
  • Balance bénéfice-risque : chaque intervention de soin est sensée être proposée après examen de cette balance qui intègre les bénéfices potentiels et attendus par le patient mais également les risques qu’il encourt à recourir à une technique plutôt qu’à une autre
  • Myofibroblastes : Fibroblastes spécialisés qui jouent un rôle dans l’inflammation et la réparation/cicatrisation des tissus

La bibliographie mentionnée

Dans l’épisode 1 :
  • Lorsque Andrew Cuff évoque l’idée que le terme « conflit » ne représente aucune réalité pathologique il en explique les raisons ici. D’ailleurs, à propos de la chirurgie qui n’est plus le GOLDSTANDARD, c’est démontré ici, où la rééducation est plus indiquée chez les patients agés et douloureux que la chirurgie elle-même. On pourrait également dire, entre autres, c’est parce que récemment et à plusieurs reprises, des études comparant des chirurgies de décompression sous acromiale à des chirurgies placebo, n’ont pas montré de différence significative dans les résultats obtenus. Le problème serait donc autre. Pensez à consulter l’ensemble de la conversation ici
Dans l’épisode 2 :
  • L’étude de Kukkonnen qui retrouvait en 2015, aucune différence significative entre l’effet de trois traitements différents de douleurs d’épaules et la satisfaction ressentie par les patients.
  • Dans cet article de Minns Lowe, on revient sur la question des croyances et des attentes quant au type de traitement proposé et que des patients déjà non améliorés par la kinésithérapie s’orientent spontanément et préférentiellement vers des solutions chirurgicales.
  • Dans un suivi à 13 ans (Kijima 2012), 90% des patients souffrant d’une épaule initialement et ayant reçu uniquement de la kinésithérapie n’ont pratiquement plus aucune douleur et 70% n’ont aucun handicap associé, ce qui suggère qu’avec de la kinésithérapie seule, on peut en effet aller mieux.
  • L’étude de Dunn, citée par Guillaume Deville et qui évoque 75% d’amélioration suffisante avec la rééducation pour ne plus envisager de chirurgie devant une lésion de la coiffe est probablement celle-ci.
  • Lorsqu’on évoquait un niveau douloureux qui baisse globalement avec l’âge, l’étude utilisée est celle Parsons en 2007
  • La première réfutation de l’idée d’une adhérence capsulaire c’était Lundberg en 1969
  • Quand Vincent évoquait que 84% des gens auront un jour une lombalgie et que ce chiffre qui apparaissait comme une certitude, ne l’est plus vraiment, il évoquait un de nos épisodes précédents ici.
  • C’est dans une étude de Witt en 2016 que sont évoquées les possibilités de mobilisation manuelle de la capsule et la force déployée, déployable, par le thérapeute pour y parvenir
  • L’étude citée par Lewis qui évoque 683 kg/cm2 nécessaire pour entraîner une modification élastique de la capsule de l’articulation glénohumérale date de 1993.
  • L’étude la plus fréquemment citée quant au résultat des mobilisations sous anesthésie générale des épaules gelées est celle de Luise Hollman en 2018 avec en bonus, la vidéo disponible sur twitter ici.
  • Ici, par Ryan en 2016, une revue systématique qui rappelle que la durée moyenne des symptômes avoisine les 30 mois dans les épaules gelées primaires, que cela peut être gênant plus longtemps et qui étudie également les modifications radiologiques et histologiques survenant dans les cas d’épaules gelées. C’est donc aussi ici qu’est évoqué l’augmentation des myofibroblastes dans le liquide articulaire. Et que les lecteurs sont mis en garde quant au corpus disponible et à sa qualité très discutable.
  • La classification des épaules gelées telle que présentée par Jeremy Lewis vient d‘une étude de Zuckerman en 2011
  • L’intérêt de l’infiltration gléno-humérale a été discuté dans cette métanalyse de 2017 et semble montrer un intérêt dans les épaules gelées maintenu jusqu’à 16 semaines après l’infiltration. Ici en 2017, l’infiltration gléno-humérale a été confrontée à des infiltrations multisites (capsule postérieure, bourse sous acromiale et espace sous-coracoidien). Ces dernières apporteraient un résultat plus précoce et plus durable dans le temps.
  • A propos de thérapie manuelle, JLewis citait cette étude qui elle parle de mobilisation articulaire et retrouve un petit intérêt supérieur dans le groupe mobilisation articulaire + étirements VS étirements seuls.
  • Plusieurs études (1, 2 et 3, entre autres) se sont intéressées à l’intéret de l’hydrodistension ou arthrodilatation par injection d’un volume conséquent dans l’articulation gléno-humérale. Il n’y a à ce jour pas de concensus sur le bénéfice à long terme mais un probable bénéfice à court terme.
  • Les améliorations semi-divines avec un mélange d’électrostimulation, mobilisation et renforcement de la coiffe sont présentées dans cette étude de 2017.

Sources en cours d’exploration

Bravo si vous êtes arrivés jusque ici, ça mérite un bonbon, au moins. Il y a quelques éléments qui n’ont pas pu être sourcés avant la publication de l’épisode, ça devrait être fait, rapidement, si jamais vous avez les réponses sous le coude, n’hésitez pas à partager 🙂

  • Luxation avant 20 ans : risque de récidive 95%
  • Chirurgie = seul traitement qui permet d’agir sur le risque de récidive
  • Immobilisation augmente le délai de récupération
  • Délai de guérison tendinopathie 6 mois / 12 mois
  • MArche 10mn = diminue la sensibilité à la douleur
  • La capsulite qui se résoud d’elle-même codman 1944

Merci à tous pour votre soutien, nous sommes ravis de vous retrouver chaque semaine, fidèles au poste !

A très bientôt, sur le temps d’un lapin

Marie et Vincent

4 commentaires sur “#8 Un lapin kiné à un congrès sur l’épaule

  1. Avant tout merci pour cette mine d’informations et ce temps passé à nous (in)former.
    C’est à la fois hyperstimulant et super irritant de voir l’immensité de mes lacunes.
    Je ne sais pas si vous pouvez répondre sans conflit d’intérêt (ou autre) mais selon vous quelles sont les formations les plus complètes que vous conseilleriez sur la prise en charge des épaules ?

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    1. Bonjour,
      Difficile à dire et ce n’est pas qu’une question de conflit d’intérêt, pour les conseiller correctement, il faudrait les avoir toutes essayées 🙂
      Aujourd’hui, pour ma part, si je devais creuser, j’irai voir du côté de Jo Gibson ou d’Angela Cadogan mais ce sont des attirances personnelles au regard de mon parcours, difficile à calquer sur celui d’un autre confrère.
      Les formations de Jeremy Lewis à l’agence EBP, ou Lyn Watson ont bonne presse, ou en français celle proposée par Frédéric Srour.
      Merci pour votre retour
      Marie.

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